«Tant qu’un homme n’a pas découvert quelque chose pour lequel il serait prêt à mourir, il n’est pas à même de vivre.»Martin Luther KingCXhroniques du monde d’avant (fragments)—Tu vas lever les mains et te rendre sans faire d’histoires, ordonne le garde qui s’approche quelques secondes plus tard en pointant son arme sur elle.—Si tu ne coopères pas, je l’achève, ajoute un deuxième homme en désignant son père.—Par pitié, je ne vous demande qu’une chose: appelez des secours pour qu’il soit soigné, supplie Analia en levant les mains en signe de reddition. Et je jure que je ferai tout ce que vous voudrez!—D’accord, tu laisses tes mains levées, tu te laisses embarquer sans opposer de résistance et on appelle les secours! promet le garde.Elle fixe un instant l’homme qui vient de lui parler, il ne doit guère avoir que deux ou trois ans de plus qu’elle. Malgré sa voix assu
«La graine de la révolte germe doucement. Elle se nourrit des injustices, des humiliations, des famines et de tous les maux de l’humanité opprimée. Et un jour, elle éclate.»CXhroniques du monde d’avant (fragments)Aylan ouvre les yeux. Son regard rencontre d’abord un plafond irrégulier taillé à même la roche. Puis il se rend compte qu’il est allongé sur une sorte de matelas de paille à même le sol terreux. Quand il tente de se redresser pour mieux comprendre où il se trouve, il ressent immédiatement une violente douleur dans le thorax qui le contraint à s’immobiliser. Il soulève son tee-shirt et constate que son torse est bandé. Le pansement a l’air propre. Même si sa blessure le fait encore souffrir, elle a cessé de saigner et la sensation que tout son corps est consumé par la fièvre semble avoir disparu. Mais tout est confus dans son esprit et il a le plus grand mal à rassembler ses idées. Il y a eu les coups de feu, et ensuite… a-t-il vraime
ROMÉO(Contemplant le corps de Juliette.) Mon amour! ma femme! La mort qui a sucé le miel de ton haleine n’a pas encore eu de pouvoir sur ta beauté: elle ne t’a pas conquise; la flamme de la beauté est encore toute cramoisie sur tes lèvres et sur tes joues, et le pâle drapeau de la mort n’est pas encore déployé…Scène 23, Acte V, Roméo et Juliette William Shakespeare.CXhroniques du monde d’avant (fragments)La forme de l’appareil se précise au fur et à mesure qu’il approche. Un immense oiseau noir, majestueux et glacé.—C’est un solavion, explique Aylan, il doit venir d’Eden Island.—Pas forcément, réplique Napoléon en mettant sa main en visière pour se protéger du soleil. Sur Hawana, j’ai vu Rosabel descendre d’un appareil identique à celui-ci.—Il faut qu’on en ait le cœur net, dit Aylan en regardant l’appareil se poser un peu plus loin.—Oui, allons v
«Seul l’amour peut garder quelqu’un vivant.»Oscar WildeCXhroniques du monde d’avant (fragments)Elle entend une voix qui murmure son nom. Une voix familière. Chaude. Enveloppante. Elle voudrait voir le visage de celui qui répète inlassablement les mêmes syllabes, mais ses paupières sont lourdes. Si lourdes à soulever. Comme si les muscles de son corps ne lui obéissaient plus. Enfin, au prix d’un effort surhumain, elle parvient à entrouvrir les yeux pour découvrir le visage d’Aylan penché vers le sien. Ses contours sont un peu flottants mais elle sait avec certitude que c’est lui.—Je suis morte? demande Analia en le contemplant rêveusement.Elle voit un léger sourire étirer ses lèvres.—Non, tu es bien vivante, répond-il en se penchant pour caresser délicatement ses cheveux.Elle sent son contact physique. Ses lèvres sur sa peau. Cette main chaude qui vient de s’emparer de la sienne.
«Lorsqu’un homme rêve seul d’un monde meilleur, ce n’est qu’un rêve. Mais lorsque beaucoup d’êtres humains se prennent à rêver ensemble, ce qui n’était qu’un mirage devient peut-être le début d’une nouvelle réalité.»CXhroniques du monde d’avant (fragments)—Mon nom est Yola et, au nom du comité d’Eden Island, je vous souhaite à tous la bienvenue sur notre archipel, déclare la grande femme noire à l’assemblée réunie autour d’elle.Les autres membres du comité des sages se tiennent derrière elle, immobiles, dans leurs uniformes noirs. Analia qui est assise entre Alexandre et Aylan observe les personnes présentes dans l’assemblée. Anabel est là, vêtue de sa robe noire ornée d’un collier de perles. Il y a aussi les gouverneurs de différentes îles: le dirigeant d’Hawana avec sa moustache parfaitement taillée puis un homme nommé Oren, dont Aylan lui a précisé qu’il était le chef de son île. Garance est également présente.—&
«Il est grand temps de rallumer les étoiles.»Guillaume ApollinaireCXhroniques du monde d’avant (fragments)—Vous vouliez me voir? demande Analia à Yola qui se tient devant elle dans une longue tunique dorée qui semble inspirée de la couleur de ses yeux.—Oui, répond la femme aux yeux d’or. Un évènement très important va avoir lieu aujourd’hui et il est impératif que tu y assistes. Viens avec moi.Sans plus d’explications, elle invite Analia à la suivre dans l’ascenseur. La descente dure longtemps.—Où m’emmenez-vous? demande l’adolescente.Analia songe soudain à Eléa2, dont Shani lui a dit qu’elle était emprisonnée dans la partie immergée de l’archipel.—J’espère qu’on ne va pas rendre visite à Eléa2 car je n’ai pas la moindre envie de voir quelqu’un qui a cru bon de m’abandonner au milieu des déchets!
Hana s’est beaucoup promenée dans les livres des autres. C’est avec un plaisir sans mélange et une curiosité toujours intacte qu’elle a visité différents univers et fait la rencontre de nombreux personnages…Et c’est tout naturellement qu’elle a eu envie de passer de l’autre côté du miroir et d’inventer son propre monde pour inviter à son tour les lecteurs à voyager dans les pages de ses histoires. Elle a commencé par de courtes promenades sous forme de nouvelles avant d’oser se lancer dans l’écriture d’un grand voyage imaginaire…À Denis,À ma mère,
Les yeux levés vers le ciel, elle ne peut s’empêcher d’espérer encore. Même si la trappe vient de se refermer. Même si l’appareil commence déjà à s’élever lentement. Même s’il est désormais évident qu’il a choisi de l’abandonner là, seule au milieu des déchets. Et quand cette insupportable réalité parvient enfin à se frayer un chemin dans les ramifications de son cerveau réfractaire, la douleur explose en milliers d’éclats qui semblent transpercer chacun de ses organes. Au moment où elle s’effondre sur le sol, il lui semble pourtant entendre une voix qui hurle son nom, mais sans doute n’est-ce que l’écho de son propre cri…