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Chapitre 4 Je ne suis plus ta femme !

Léa a retiré le haut de l’homme avec une assurance inébranlable, ses lèvres trouvant refuge sur la peau de son abdomen. La luxure et l’amour qui brûlaient en elle teintaient ses oreilles d’un carmin sensuel. Malgré sa voix devenue rauque, ses gestes n’avaient pas l’intention de faiblir.

« Merci de me rappeler que je suis toujours Mme Martin. Sinon, j’aurais presque oublié que le devoir premier de ton épouse est de te donner une descendance... Tout ce que je fais, c’est remplir mon devoir. »

« Comment oses-tu ? » s’est écrié l’homme, sa colère se traduisant par une tension musculaire visible au niveau de son abdomen.

« J’ai diffusé un peu d’aromathérapie dans la pièce, alors pardonne-moi pour ce court instant. J’ai simplement... envie d’un bébé, juste un bébé... »

Léa se laissait de plus en plus aller, abandonnant progressivement son comportement doux et bien élevé qu’elle avait toujours affiché. Les taquineries éhontées qu’elle pratiquait parvenaient à rendre l’homme plus conscient de sa réaction corporelle la plus instinctive, et Pierre pouvait sentir son souffle s’accélérer. Dans un effort pour contenir toutes les réactions que l’arôme provoquait en lui, il a serré les mains dévergondées de cette femme et a fini par dire : « Léa, tu me rends vraiment malade ! »

Le désir qui autrefois brûlait intensément au fond des yeux de la femme s’est évaporé instantanément à ces mots. Elle a levé ses yeux humides, s’accrochant à la dernière lueur d’espoir, et lui a demandé d’une voix tremblante : « Faire ce genre de choses avec moi te rend vraiment si dégoûté ? »

« Oui ! » a répondu Pierre sans hésitation.

Léa s’immobilisait, sentant son cœur se comprimer douloureusement. Puis, en un éclair, elle a été repoussée par l’homme avec dégoût.

Pierre, sans lui adresser un regard, a saisi les vêtements dispersés sur le sol et s’est habillé rapidement, boutonnant à peine sa chemise. Il a quitté précipitamment la pièce, la porte se refermant bruyamment derrière lui et plongeant la chambre dans un silence total.

Léa demeurait immobile sur le sol, les poings serrés, ses ongles s’enfonçant dans ses paumes, ses yeux luisant d’une froide ironie.

À ce moment-là, tout son espoir s’est effondré.

Le lendemain matin de bonne heure, elle a descendu péniblement les escaliers en traînant ses bagages. La servante s’affairait déjà à préparer le petit déjeuner tandis qu’Yvette assistait à une messe à l’église, elle n’était donc pas à la maison.

« Tiens, Léa, de retour d’entre les morts ? Pourquoi te presses-tu avec ta valise ? Tu pars en voyage ? » Celle qui posait ces questions était la sœur cadette de Pierre, actuellement en deuxième année à l’Université d’Océville. Cette jeune femme n’appréciait pas beaucoup Léa, et elle lui adressait parfois des taquineries moqueuses.

Ophélie : « Mais même si tu as l’intention de sortir, tu devras d’abord me coiffer et m’accompagner à l’école, sinon, pas de sortie pour toi ! »

Léa excellait dans l’art de la coiffure, et chaque fois qu’elle coiffait Ophélie, les camarades de classe de cette dernière la complimentaient chaleureusement.

Cependant, ce jour-là, Léa l’a totalement ignorée. Elle était concentrée sur sa descente des escaliers, et lorsqu’elle a atteint la dernière marche, elle s’est retrouvée nez à nez avec sa belle-mère déjà impeccablement habillée et rayonnante d’élégance : Mireille Dupont.

Cette dame était l’épouse de M. le directeur Martin, la véritable mère de Pierre et Ophélie. Depuis toujours, elle avait nourri un profond mépris envers la famille et le passé de Léa, n’exprimant jamais d’opinions favorables à son égard.

« Pourquoi traînes-tu une valise de si bon matin ? Dépêche-toi de la poser, va aider Perrine à préparer une chambre. Bientôt, le manoir accueillera une nouvelle invitée. »

À ces mots, Léa a froncé les sourcils, commençant à deviner qui pouvait bien être cette nouvelle invitée. Avant même qu’elle ne puisse poser la question, elle a entendu Ophélie demander d’un ton curieux : « Une nouvelle invitée ? Qui est-ce ? »

« À qui d’autre pourrais-je penser mis à part Sylvie ! » a répondu sa belle-mère.

Ophélie s’est exclamée : « Quoi ? Ma sœur Sylvie est revenue de l’étranger ? »

Mireille a révélé fièrement : « Non seulement elle est de retour, mais elle attend également un enfant de ton frère ! Notre manoir offre un environnement paisible et de l’air pur, c’est parfait pour favoriser le développement du fœtus. Elle ne retournera donc pas chez sa famille pour le moment et restera avec nous. » En disant cela, elle n’a pas oublié de poser son regard sur Léa.

Dès le début, Sylvie avait été l’incarnation de sa belle-fille idéale, et si cette certaine Léa n’était pas intervenue, celle qui aurait épousé son fils aurait été Sylvie Leroux ! En y réfléchissant, elle a relevé fièrement le menton en direction de Léa : « Que fais-tu ici ? Pourquoi ne pas te dépêcher de ranger la chambre ? »

Si c’était un autre jour, Léa aurait pris l’habitude de la complimenter.

Cependant, ce jour-là, après avoir entendu ces mots, elle a modifié son attitude soumise habituelle.

Malgré la douleur qui déchirait son cœur, elle s’est efforcée néanmoins de paraître calme : « À partir d’aujourd’hui, ton fils et moi, nous n’aurons plus aucun semblant de relation. Ces futilités, quiconque souhaite s’en occuper pourra le faire, mais pas moi. »

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