—Angie, attrape !Je rattrape in extremis la dague qui filait droit sur mon front, ma main se refermant autour de la lame en métal froid. Je braque un regard incendié en direction d’Apolline. Celle-ci hausse les épaules, et ses pensées, manquant un brin de tact, ne tardent pas à résonner dans ma tête.«Tu n’avais qu’à être plus rapide ! »Je jette la dague à mes pieds. Celle-ci vient se figer dans le tatami. Si Ombelline voit ça, je suis mort. Je la retire et m’assieds sur l’entaille désormais présente, jetant un coup d’œil discret en direction de l’Immortelle. Elle est encore occupée à arbitrer le combat d’Edden et de Maximilien. Le Cerveau n’a d’ailleurs aucune chance, il n’est pas assez rapide et n’arrive pas à anticiper les coups de son adversaire. Et même si cela me coûte de le reconnaître, Edden est fort. Très fort.—OK, dis-moi ce qui ne va pas.Je fronce les sourcils. Apolline me rejoint sur le tatami et s’assied à mes côtés,
—Je savais que je te trouverais ici.—Je n’ai pas cherché à me défiler.Zéphyr esquisse un sourire et s’engouffre dans l’espace sombre et bleuté du Jardin Abyssal. Il jette un rapide coup d’œil à l’aquarium, puis il me rejoint sur le canapé. Il se laisse tomber contre la matière moelleuse et pose ses avant-bras sur ses genoux, les mains croisées. Il ne dit rien. Et je sais pertinemment pourquoi. Il attend que ce soit moi, comme à chaque fois qu’il veut entamer une discussion sérieuse. Et je n’aime pas ce genre de discussions. Il me pousse souvent à comprendre ce que je redoute le plus, à faire face aux démons qui me rongent de l’intérieur. Et je déteste ça.—Tu perds ton temps, finis-je par dire.—Nous savons tous les deux que c’est un mensonge. Depuis quand ne lis-tu plus dans les pensées des autres ? Parce que tu n’as pas l’air de savoir pourquoi je suis là.—Je suis fatigué.—Fatigué ? relève-t-il, les yeu
Angie est le premier à demander des explications. J’entends sa voix, mais je suis incapable de me concentrer sur ce qu’il dit. Les seuls mots qui résonnent dans ma tête sont ceux de Zéphyr. Il n’a pas dit que Cassie et Tessia étaient revenues. Il a seulement dit Cassie. Ma poitrine me fait mal. Mon corps se met à trembler de lui-même. Je ne me sens pas bien. Ma gorge est serrée. Je n’arrive plus à distinguer clairement mon entourage. Mon cœur bat trop vite. J’essaie de prendre une profonde inspiration et d’expirer calmement, mais j’ai l’impression de ne plus pouvoir respirer. Tessia n’est pas revenue. Je recule et heurte la paroi du tunnel. J’ai la sensation qu’on est en train de jouer avec mon cœur. Qu’il résiste tant bien que mal, mais qu’il suffirait qu’on le crève encore un peu plus pour le voir perdre la partie. Je ne me sens plus capable d’agir comme si ce n’était pas grave. Comme si je pouvais encore attendre, alors que ma sœur est la seule famille qu’il me reste. Mes jambes son
Née en 1999, E.J. Swan a vu le jour en région parisienne. D’abord une grande férue de lecture (inspirée par le talent de son auteure préférée ; Tahereh Mafi), elle se questionne sur l’envers du décor des livres qu’elle dévore, faisant ainsi naître sa passion pour l’écriture. Intéressée depuis toujours par la psychologie des méchants et l’évolution des personnages dans les films, les séries et les romans, elle décide–à l’âge de 14 ans–d’associer cet intérêt à ses écrits sur la plateforme W*****d. Surnaturels est son premier roman et s’inscrit en premier lieu dans l’univers de la fantasy, puis dans celui de la dark fantasy. Passionnée par l’idée que rien n’est tout blanc ni tout noir, elle aime retourner le cerveau de ses lecteurs dans le but de dépeindre la complexité de l’être humain et de faire passer des messages–et peut-être aussi parce qu’elle est sadique. Un peu. Surprise par l’engouement que prend son histoire, elle se met à rêver secrètement d’une publication papier et attein
Je les prends dans mes bras, chacun leur tour, et les serre aussi fort que possible contre ma poitrine. Je souhaite de toutes mes forces qu’ils se réveillent. Je veux voir leurs paupières se soulever et leur poitrine s’abaisser au rythme de leurs respirations. J’attends. J’attends par terre, les yeux embués de larmes, refusant d’admettre la réalité. Parce que je ne comprends pas. Comment tout cela a-t-il pu arriver ? J’étais partie pour un après-midi avec mes amis, sans l’ombre d’un souci à l’horizon. Juste moi, et mon groupe. Et puis il a fallu que tout dégénère. Des choses étranges se sont produites. Après l’appel téléphonique de ma sœur, je n’ai pas perdu une seule seconde avant de rentrer chez moi. Le cri qu’elle a poussé avant que la communication ne se coupe brutalement reste ancré dans ma mémoire. Il était si terrible que j’en ai encore la chair de poule. Je savais que quelque chose d’horrible s’était produit, mais j’étais loin de me douter à quel point. Je n’aurais jamais pensé
—Elle se réveille !J’ouvre lentement les paupières, cligne des yeux plusieurs fois de suite pour chasser les larmes qui me brouillent la vue. Puis tout me revient. Tessia, mes parents, la maison, et ce mystérieux garçon qui m’a sauvé la vie. Ainsi que la chute. Pourtant, je ne suis toujours pas morte. J’ai dû perdre connaissance quand il a sauté de l’arbre.Je regarde autour de moi et constate que je suis allongée dans une ruelle déserte, pas très loin de mon domicile, où j’avais l’habitude de passer à pied en rentrant du collège. Je me redresse et m’adosse au mur, n’ayant pas la force de me mettre debout. Je relève la tête et observe la fille que je n’ai toujours pas eu l’occasion de voir. Elle s’approche, puis s’agenouille pour me faire face. Ses yeux rouges me scrutent minutieusement. Génial. Après avoir passé une journée au parc à croiser le regard étrangement doré des gens, après avoir couru jusque chez moi pour y découvrir les corps sans vie de mes parents, v
Elle sort un petit carnet et un crayon de la poche de son pantalon en cuir noir. Elle s’assied et je l’observe commencer à griffonner quelque chose. Je rêve ? La seule chose qu’elle trouve à faire après m’avoir raconté toutes ces salades, c’est de dessiner ? Ils n’ont pas l’air d’avoir toute leur tête, je ferais mieux de m’enfuir. Ou bien suis-je trop fermée d’esprit ? Tandis que je pèse le pour et le contre, Apolline se redresse et s’avance jusqu’à moi. Elle me tend son carnet, et j’en reste littéralement bouche bée. Ce qu’elle a dessiné est magnifique ! C’est tellement réaliste qu’on pourrait presque croire qu’il s’agit d’une photo.—Comment as-tu fait pour dessiner un truc pareil aussi rapidement ? Et qu’est-ce que c’est ?—Tu le sauras si tu viens avec nous, se contente-t-elle de me répondre avec un petit clin d’œil en prime. Ce que je viens de dessiner représente l’édifice principal de Réturis. Maintenant que tu sais à quoi il ressemble, tu peux le visual
Mon corps est tellement lourd… Je suis allongée sur ce qui me semble être un lit. Je peux sentir la soie des draps sous mes mains et la douceur de l’oreiller sous ma tête. Seulement, je ne peux pas en avoir la certitude. Mes yeux refusent catégoriquement de s’ouvrir. J’ai beau user de toute ma force mentale pour entrouvrir ne serait-ce qu’une seule paupière, on dirait bien que ma force physique, elle, n’est pas au rendez-vous. Je ne me suis jamais sentie aussi faible et aussi lourde à la fois. En revanche, je suis consciente, et c’est déjà une bonne nouvelle. Contrairement à mes yeux, mes oreilles sont fonctionnelles. Des voix me parviennent de l’endroit où je suis. Je crois reconnaître celle d’Apolline, et la deuxième me dit vaguement quelque chose. Elle provient du garçon qui avait lâché quelques mots avant que je ne perde connaissance. Il parlait de poison de je ne sais plus quoi. J’ai du poison dans les veines ?—Combien de temps, encore ? soupire Apolline.J’en