Nous sommes mercredi, il fait un froid de canard et je reste pourtant sur ma terrasse, à peine habillé, ne sachant pas ce que je cherche à me prouver. J’entends mon téléphone sonner à l’intérieur, alors je me lève et regagne mon salon pour consulter l’écran de mon portable. Est-ce son numéro ? Je m’étais interdit de lui reparler, pour autant, j’ai laissé mon téléphone allumé, alors que je le gardais éteint depuis des mois.—Allô ?—Ah, Adam, je suis heureuse de vous avoir.Oui, c’est bien Maud.—J’aimerais savoir si je peux passer vous voir, ajoute-t-elle.—D’accord, dis-je sans réfléchir.—Super ! 15 heures, est-ce que ça vous va ?—Où ? demandé-je.—Chez vous.—Vous savez où j’habite?—Avec internet, on trouve tout le monde.—OK…—Alors à tout à l’heure.Puis elle raccroche.Elle sait où j’habite, et surtout… elle va
Je me réveille sur mon canapé et à la vue de la lumière qui traverse les fenêtres, il doit être assez tard. Peut-être pas loin de midi. Je repousse la bouteille vide afin d’attraper mon téléphone posé derrière, sur ma table basse. Il est 12 h 24, je n’en reviens pas. Il m’arrive de traîner longtemps au lit, mais jamais d’y dormir profondément jusqu’à aussi tard. Maud doit revenir aujourd’hui, à quelle heure exactement ? J’espère qu’elle ne s’est pas présentée à ma porte pendant que je dormais, quoique… Non, pour dire vrai, je ne sais toujours pas ce que je souhaite ni ce que je pense réellement de cette femme. Mis à part que je la trouve terriblement attirante et que son sourire me déstabilise. Je sens que j’ai envie de la revoir sans en connaître les raisons exactes, et ces dernières m’effraient.Je regarde autour de moi.—Célia ? appelé-je.Je la vois passer de notre chambre à la salle de bains, furtivement. Je me lève, pour l’y rejoindre. Seulement comme à
—Voilà ce dont je vous parlais, s’exclame Maud.Son intervention a pour effet l’arrêt net de Sarah, elle nous repère dans l’entrée de la chambre et n’ose plus continuer.—Je jouais avec Eléanore, s’explique-t-elle.La maman s’approche de sa fille et la serre contre elle. Je reste quant à moi adossé à l’encadrement de la porte, comme paralysé. Je me concentre pour tenter de voir Eléanore, Sarah imaginait également sa présence.—Ça va ? m’interroge Maud.Sa voix me paraît lointaine, mon regard divague, je repense aux mots de la petite dans son jeu.—Elle fait toujours ça, continue la jeune femme, elle imagine que votre fille est avec elle.Je sens mes jambes fléchir, puis je tombe au sol. J’aperçois furtivement le regard paniqué de Sarah, juste avant que sa mère ne lui demande de se rendre dans le salon.Je craque, mes nerfs me lâchent et je m’effondre en larmes. Je ne sais pas ce qui m’arrive, incapable d’ex
Marjorie arrive chez moi en milieu d’après-midi. Je suis sobre, ce qui représente un immense succès pour moi. Seulement cette première gorgée m’appelle, elle me fait de l’œil depuis que je ne vois plus Eléanore déballer ses cadeaux. Je me suis concentré et reconcentré, mais mon esprit n’en a rien à faire. Malgré tout, mes espoirs sont reboostés par ma vision de ce matin, car elle signifie que tout n’est pas perdu, et reparler de Célia va peut-être raviver tout ça.Marjorie arbore sa tête des mauvais jours. Je la fais entrer, et elle s’installe aussitôt sur le canapé.—Tu as l’air bien, me dit-elle.Je sais cette description largement exagérée.—Ça va, toi ?—C’est Noël, je suis chez les parents là, donc tu te doutes que l’ambiance est un peu triste.—Comment vont-ils ?—Ils pleurent toujours leur fille.—Et leur petite fille, ajouté-je.—Oui, évidemment, se reprend-elle. Eléanore no
De la lumière provenant de dehors me sort de mon état comateux. Je ne dormais pas encore, mais après de multiples essais infructueux auprès de mes perles disparues, je reste à délirer tout seul au fond de mon canapé, sous l’œil bienveillant d’une bouteille de whisky vidée de la moitié de son contenu. Les phares s’éteignent et je me redresse pour me presser d’aller éteindre la lumière. Je n’ai pas le temps de rejoindre mon canapé que des coups se font entendre contre la porte.Je n’ose plus bouger, je ne sais pas quelle heure il est, ce n’est en tout cas pas une heure pour déranger les gens. On est lundi, ça ne peut pas être Maud, ce doit être Marjorie. Et je ne tiens pas à ce qu’elle me voit dans cet état.—C’est Maud, s’annonce-t-elle derrière la porte. Je sais que vous êtes là, je vous ai vu éteindre la lumière.J’hésite, tente d’analyser mon état d’ébriété… Je regarde ma montre, il n’est en fait que 18 h 30, la nuit tombe trop tôt en cette saison. Maud fra
Maud est retournée hier chez ses parents, afin d’y récupérer Sarah. Elle m’a appelé ce matin et donné rendez-vous pour le déjeuner, dans un petit restaurant de centre commercial. Que cela se passe là-bas ne m’enchante pas du tout, sauf qu’il va falloir que je m’y plie si je veux pouvoir échanger avec la petite fille. Maud paraît inquiète à l’idée que j’interroge Sarah – et je peux le comprendre –, seulement ce que cette dernière a dit à sa mère est bien trop troublant pour que j’en fasse abstraction.Je me gare, et rejoins le pôle où se trouvent tous les restaurants. Je n’y ai pas mis les pieds depuis l’accident. Maud est assise sur un banc, elle ne m’a pas vu arriver, et observe Sarah jouer avec d’autres enfants sur une grosse structure en forme de bateau. La jeune femme porte un chapeau, ou ce qui ressemble à un mixte entre un bonnet et un chapeau. Ce genre a sûrement un nom, mais je ne le connais pas. J’arrive à sa hauteur, elle me gratifie de son habituel sourire et se lève
Ce matin, ni Célia ni ma princesse ne partagent mon petit-déjeuner. Mais ça va. La veille, je suis rentré surexcité et enjoué par cette soirée passée. Maud me fait du bien, et Sarah aussi, c’est indéniable. Évidemment, j’ai aperçu la mélancolie se pointer à mon entrée, mais je l’ai ignorée. Je me suis rendu directement dans ma chambre et me suis couché. J’ai tenu le coup et les appels de ma bouteille sont restés sans réponse.J’ai pris beaucoup de temps à m’endormir, sans doute plusieurs heures. Je repensais à Maud, à ce que je lui avais dit. Ce matin, je ne regrette plus autant. Car après tout, lui dire qu’elle est jolie n’est que mettre en lumière une vérité, et ça n’a rien d’une quelconque déclaration de sentiments. Ma seule inquiétude va maintenant à l’interprétation qu’elle a pu en faire.C’est jeudi, et la rentrée aura lieu mardi, j’ai hâte. Je n’ai rien de prévu pour les cinq prochains jours et il va falloir que je m’occupe si je ne veux pas retomber dans mes affre
Je fais ce qu’elle dit et me laisse aller. Maud ne fait que poser ses lèvres sur les miennes, rien que quelques secondes, puis se retire. Elle rouvre les yeux, je n’ai pas fermé les miens.—C’est déjà une sacrée étape, dit-elle.Et je ne suis pas certain qu’elle réalise à quel point.—Vous acceptez de rester déjeuner ?J’acquiesce. Elle saisit sa tasse de café, qu’elle serre entre les mains, et se laisse tomber au fond du canapé. Je prends la mienne et la porte à ma bouche, il a tiédi.Je suis tout à coup envahi de remords. Non, nous n’avons rien fait, Maud n’a fait que poser ses lèvres. Il y a eu le mouvement, mais ni elle ni moi n’avons entrouvert la bouche au moment du baiser.Maud reste à côté de moi sans rien dire, elle doit également réfléchir à ce qui vient de se passer, probablement le sentiment de culpabilité en moins.Nous sommes coupés dans nos pensées par Sarah descendant les escaliers.—Maman ? appel