Les jours, les semaines puis les mois ont passé. Malgré l’hiver bien entamé, il n’y a aucune trace de neige. Au contraire, la température est étrangement douce. La Recousue m’a appris que les saisons ne s’étalent pas sur l’année à Alatar, mais sont propres à chaque contrée. En effet, chaque province a son climat. C’est pour cela que la plupart des royaumes s’étendent sur la contrée d’Emisphèbe où le temps est clément toute l’année, mis à part quelques jours de pluie.Je suis déçue de ne pas avoir de neige mais me résigne à accepter la vue des plaines émeraude et des arbres éternellement en fleurs. Ce temps agréable me permet de m’entraîner toute la journée dehors. Viser des cibles ne me pose plus le moindre problème. Créer des sphères de pouvoir et les lancer sur mes ennemis qu’Elena a rendus amovibles grâce à ses pouvoirs m’amuse. La sorcière a dû inventer de nouveaux défis pour me tester et je dois dire qu’elle ne manque pas d’ingéniosité: faire se mouvoir une montagne,
Le vent plaque ma chemise contre ma peau, faisant plier les branches des pauvres arbres qui ont le malheur de m’entourer. Elena hurle mais je l’entends à peine: ses paroles se perdent dans le rugissement du vent que j’ai moi-même créé. La colère, la haine, la peur, voilà tout ce que je ressens. Devant mes yeux se forme l’image d’un homme au crâne lisse marqué d’encre noire. Son visage aux traits durs et ses iris plus foncés que l’obsidienne, s’étirent en même temps qu’un sourire cruel se dessine sur ses lèvres. Sa carrure immense vêtue d’une armure aussi noire que les dessins sur son faciès, lève des mains tenant des globes blancs et dorés ensanglantés, les yeux des sorcières de mon clan. Je ne souhaite qu’une seule chose: lui faire perdre ce sourire.Fais naître la lumière au creux de tes mains, Doux espoir,Et le monde scintillera à nouveau.—Elena!Deux mains empoignent violemment mes bras et si je n’avais pas rencontré un
La sorcière lâche un hoquet en posant une main sur sa poitrine. La terrible douleur qui vient d’y naître ne peut signifier qu’une chose: l’une de ses sœurs vient de perdre la vie. Elle peut sentir l’âme de son amie quitter ce monde pour rejoindre les membres de son clan décimé par Barral, le mage noir qui la retient prisonnière depuis treize longues années.—Elena…Elle lâche un sanglot tandis que les larmes inondent son visage émacié aux yeux dorés entourés de cernes sombres. Ainsi, le rempart entre Barral et leur dernier espoir venait de disparaître. Plus rien ne protégerait l’être de lumière censé sauver Alatar, plus rien ne retenait le mal de la soumettre à sa volonté. À moins qu’Elena n’ait eu le temps de la former. La femme lâche un soupir. D’après ce qu’elle avait appris par les pensées de ses sœurs encore en vie, la fille de la divinatrice avait été privée de ses pouvoirs depuis sa fuite avec Elena vers le monde des humains, un monde dé
Lily Davinni est née, a grandi et vit en région parisienne.Après un bac littéraire, elle obtient un diplôme de droit, mais n’a jamais pu oublier sa première passion : l’écriture.Inspirée par un univers fantastique mêlant les livres de J.K Rowling, de J.R.R. Tolkien ou de C.S. Lewis et ses propres rêves, ou plutôt cauchemars, elle se lance dans l’écriture de son premier roman fantasy : La Dernière Sorcière aux Yeux d’Or.Grâce aux encouragements de ses proches et de son chat, elle ose proposer son manuscrit à l’édition. Pari gagné.À mes parents, qui sans le savoir, m’ont donné l’envie d’écrire,À mon chéri, mon soutien inconditionnel,À mon frère, tu vois qu’il est sorti !
La légende dit qu’il existait un monde mystérieux par-delà les plus grandes montagnes de la Terre. Un monde merveilleux, magique, où tout était possible. Là-bas, régnait la paix, la joie, la richesse. Là-bas, n’existaient ni misère, ni peur. Alatar était l’archétype du monde parfait.Un clan de sorcières y sauvegardait l’équilibre. Leurs pouvoirs étaient tels, qu’elles étaient idolâtrées au même titre que les divinités: les plus grands rois sollicitaient leurs conseils tandis que les plus féroces créatures magiques baissaient les yeux devant elles. Elles étaient encensées et respectées… mais enviées. Leurs pouvoirs étaient terriblement convoités.Un jour, Barral, un puissant mage noir, jaloux de la puissance des sorcières, créa une armée afin de les éliminer et de devenir le sorcier le plus puissant d’Alatar. C’est ainsi que les gardiennes de l’équilibre, malgré leurs immenses facultés, furent exécutées après une longue nuit de lutte sanglante. Leurs yeux d’une sple
Jeune sorcière au cœur pur,Puise la force de ton âme,Guide-nous à travers la nuit sans étoiles,Fais naître la lumière au creux de tes mains,Doux espoir,Et le monde scintillera à nouveau.Mes yeux s’ouvrent sur le plafond où je peux encore percevoir le regard doré fixé sur moi, brillant dans la pénombre tels des sphères d’or, illuminant ma chambre telle une lune éclairant la nuit noire. Je cligne des yeux pour faire disparaître les dernières images de mon rêve récurrent.C’est déjà l’aube et bientôt, je devrai me lever. Inspirant profondément, j’essaie d’oublier cette voix douce qui me hante toutes les nuits. Une berceuse! Une berceuse qui tourne en boucle dans ma tête et dont je ne mémorise jamais les paroles. Mais cet air! Cette voix ô combien enchanteresse! Je ne sais pas à qui elle appartient, mais le simple souvenir de ce rêve me fait frissonner de la tête aux pieds. De peur? De tristesse&n
Malgré ma promesse de ne plus mettre les pieds au village, je suis tout de même contrainte d’y retourner la semaine suivante. Mon père étant trop occupé, il ne peut s’y rendre pour acheter les quelques condiments dont nous avons impérativement besoin. Il m’a cependant épargné cette corvée toute la semaine qui a suivi le fameux jour de mon anniversaire larmoyant. J’espère qu’aujourd’hui, la chance sera de mon côté et m’évitera une confrontation avec Rosabelle…—Bonjour sorcière!Je craignais plus que tout au monde d’entendre cette voix. Je me lamente, demandant au ciel pourquoi il s’acharne ainsi sur ma personne insignifiante. Pourquoi ne puis-je faire un aller-retour au village sans m’attirer des ennuis? Inspirant profondément, je compte jusqu’à trois, affiche un sourire aimable et me tourne vers le demi-cercle de filles joliment parées.—Tu es partie tellement vite la dernière fois que nous ne savons même pas si tu as apprécié notre présent
Le trajet jusqu’à la maison–pourtant court–est pénible. Tourmentée, je ne fais même plus attention à la Recousue qui s’arrête de temps à autre afin de s’assurer que la voie est libre. Arrivée devant chez moi, je cours jusqu’au perron sans me soucier de distancer la sorcière. Je veux m’assurer que mes parents n’ont rien. J’ouvre la porte à la volée et la laisse claquer contre le mur.—Elena, ma chérie! s’écrie ma mère en m’attirant contre elle.Mon père se joint à nous. Ses bras passent autour de nos deux corps et je suis soulagée de les voir sains et saufs. Leurs odeurs–un mélange de foin, de pain frais et de transpiration–s’insinuent dans mes narines et me font monter les larmes aux yeux.—Maman, Papa, je suis tellement désolée…—Ne t’en fais pas, chuchote mon père. Tout est de notre faute!—Comment peux-tu dire cela alors que je suis celle qui a blessé Rosabelle