CHAPITRE CINQ
Perséphone dévisagea sa cousine.
—De quoi parles-tu ?
Saurie extirpa des plis de son manteau une photo ancienne un peu chiffonnée, mais où l’on apercevait Hélène Maréchal avec cinq autres personnes âgées entre dix-sept et dix-huit ans. Persy reconnue leur oncle Bernard, l’aîné des Mannigan parmi la petite bande souriant sur l’image. Elle retourna le cliché et lut à voix haute les noms notés d’une écriture allongée et précise.
—10 mai 1966, la bande Rock On ! Malcom Hayes, Paul Leblanc, Hélène Maréchal, Jenny Sansoucis, Salomon MacFlair et moi.
Persy ouvrit de grands yeux.
—Oncle Bernard était un ami proche d’Hélène Maréchal ?
—Je ne savais pas jusqu’à ce soir. Je venais de terminer mon livre lorsqu’en voulant le ranger dans la bibliothèque du salon j’ai fait tomber un vieil album. Il y avait trois photos qui n’étaient pas rentrées sous le plastique et collés dans l’
CHAPITRE SIX Saurie essayait de suivre Persy de son mieux, mais son sac à dos la ralentissait et sa cousine avait décidé de marcher jusqu’à leur domicile, ce qui était une bonne demi-heure d’un pas d’athlète avec leurs bottes dans le froid plus mordant puisque le soleil déclinait graduellement. Il était hors de question que Gael les ramène à la maison et encore moins de voir ce triple idiot ! Saurie préféra ignorer et ne pas commenter cette phrase qui revenait constamment dans le discours sans suite de sa cousine. Persy s’arrêta soudain et se tourna si brusquement vers Saurie qui traînait derrière, que la jeune fille figea, prise en faute de ne pas être aussi en forme qu’elle le voudrait. Pourtant Perséphone ne s’adressa pas à elle, mais à quelqu’un d’autre: —Hey, t’es qui toi ? Saurie se retourna lentement et recula de deux pas devant la silhouette cagoulée qui se cachait dans l’ombre d’une grande capuche d’un ma
CHAPITRE SEPT Le vedettariat du Cercle des bêtises s’éteignit lentement durant le mois de janvier, puis février. À la relâche scolaire de mars, personne n’en parlait plus et aucune disparition de signaler. La fin du mois de mars, c’était le bal de fin d’année qui monopolisait les conversations. Les cousines Mannigan ne prenaient plus l’autobus, Gael allait les chercher le matin et les reconduisait le soir. Il n’était pas question qu’elles tombent à nouveau nez à nez avec la Bête de Beldecour. La police avait arrêté quelques suspects, mais aucun n’avait une blessure par flèche à la cuisse, les hôpitaux n’avaient reçu personne avec cette condition. Les forces de l’ordre ne se relâchaient pas pour autant, trois jeunes femmes avaient perdu la vie et leur meurtrier courait toujours les rues. Le seul détail qui avait circulé dans la population concernait le fait que les victimes étaient enterrées vivantes. Mise à part le coroner et l’équipe policière sur l’enquête
CHAPITRE HUIT Persy et Gael firent le trajet en voiture jusqu’au moulin de bois des MacFlair dans un silence nerveux. L’adolescente tirait sur un fil de ses mitaines qu’elle avait posé sur ses cuisses. Gael stationna la voiture le long de la rue, puisque le terrain était grillagé et qu’il n’avait pas de laissez-passer électronique pour franchir les portes métalliques. Il posa une main sur celles de Persy. —Je te demande pardon. Je ne sais toujours pas où j’avance avec toi et j’avais déjà repris avec Luisa, je … Persy se dégagea et descendit de la voiture en disant: —Oublie ça. C’est du passé et ça ne se reproduira plus. Je n’ai jamais demandé à être ton amie et encore moins à devenir ton encas de fin de soirée lorsque tu as une petite-amie. L’avoir su, crois-moi, ça ne serait jamais arrivé. Ils marchèrent le long du terrain jusqu’aux remises mentionnées par le fantôme. —Je ne veux pas te perdre, Persy. —T
CHAPITRE NEUF Avril rayonna de tous ses feux pour souligner le printemps qui approchait et le Cercle des bêtises souligna les dix-sept ans des aînés de la bande; Gael et Saurie. Fin avril, les gens spéculaient parfois sur le meurtrier qui avait ravi deux adolescentes à leurs familles. Les préparations du bal de fin d’années étaient de plus en plus souvent ponctuées de regrets. Marjorie et Gisèle ne pourraient pas y être et si la Bête de Beldecour avait perdu de sa popularité durant l’hiver, sa notoriété revenait à grands pas avec la fin de l’année scolaire. Mai était le moment idéal pour sortir son vélo et profiter de l’extérieur plus longtemps. Les gens étaient prudents, les adolescentes attendaient leurs parents à la fin des cours ou des entrainements de majorettes. Les joueurs de football veillaient à partir après les filles, pour éviter de perdre encore certaines de leurs pompons girls. Le Cercle des bêtises tournait en rond avec l
CHAPITRE DIX Lucas jeta un œil à l’heure sur son téléphone pour la quatrième fois. Il soupira et se mit à taper du pied. La voiture de Gael se stationna à ses côtés et il glissa son téléphone et ses clés dans ses poches pour sortir de son véhicule. Ses amis l’imitèrent et Lucas fit la moue en apercevant Saurie et sa couette fontaine qui se perdait dans un manteau trop grand pour elle. —C’est une nouvelle mode ? Saurie lui fit la grimace la plus drôle de l’univers et ils pouffèrent tous sauf elle. Lucas toussa pour retrouver son sérieux. —Il y a une nouvelle morte. Tout le monde sembla se transformer en statue. Lucas expliqua: —J’étais en train de me faire un en-cas de milieu de journée lorsque je l’ai vu passer au travers d’une voiture par la fenêtre du salon. Persy se mordilla les lèvres. —Qui est-ce ? Lucas se tourna vers Gael. —Lorsque je l’ai vu dehors, j’ai pens
CHAPITRE ONZE Saurie avait ouvert une porte dissimulée sous l’escalier menant aux chambres de l’étage. L’endroit servait d’entreposage pour les confitures et conserves de Mesra. Lucas coinça son grand corps dans l’espace disponible et Saurie se glissa près de lui en fermant doucement la porte. Ils ne voyaient pas grand-chose, sauf par une légère fente dans le mur mince de l’entrepôt. Une silhouette entra dans leur champ de vision, elle venait du sous-sol. Saurie posa les deux mains sur sa bouche pour ne pas crier. Lucas se maudit de ne pas avoir eu le temps de prendre son téléphone. Emile MacFlair était habillé de noir, il avait un liquide sombre qui tâchait ses vêtements et les yeux rougis de larmes versées. Son chagrin et sa colère se lisait sur ses traits. À la main, cette fois-ci, il n’avait pas un couteau, mais un revolver. Il passa devant la cachette des adolescents sans savoir qu’eux l’avaient vu. ***** Persy se doutait
Perséphone se tourna vers sa cousine après avoir replacé une dernière mèche de ses boucles blondes derrière son oreille où pendait une salamandre aux yeux turquoise. —Tu me trouves comment ? Saurie jouait distraitement avec les torsades dans ses cheveux châtains. —Ma-gni-fi-que. Persy pouffa de rire. —Je me sens toujours bizarre avec ma couleur naturelle. Saurie sourit, amusée. —Je trouve que ça te va super bien. Persy tourna sur elle-même. Elle portait une robe d’un beau bleu royal dont la crinoline terminait au-dessus du genou, rappelant presque son costume d’Alice au Pays des merveilles de l’Halloween, et des souliers à talons hauts de la même couleur. Saurie portait une simple robe sans manche en satin rose très pâle qui lui allait aux chevilles avec de fausses petites roses blanches dans les cheveux et des ballerines fushia. La sonnerie de la porte d’entrée marmonna son discours de film d’horreur et Mesra se dépêch
CHAPITRE DOUZELa lumière de la lune baignait le Lac bleu et ses environs d’un éclat réconfortant. C’était l’endroit privilégié des touristes et des vacanciers. Situé à quelques minutes de Nouvelle Marie et à une heure et demie de route de la ville de Beldecour, le Lac bleu, ses chalets et ses canots étaient un régal pour les visiteurs. Ce soir là, cinq adolescents riaient et célébraient la fin de leur première année d’études en technique policière. Cinq jeunes hommes qui profitaient du moment pour passer un beau moment et plaisanter ensemble. Ils se trouvaient au chalet numéro 7 et jouaient à «Loup-garou».Étienne Lesage était le maître de jeu. Le «loup-garou» venait de tuer quelqu’un et tout le monde avait les yeux f