La brume matinale déposait sa froide rosée sur les corps endormis, enroulés dans leurs couvertures. Nexa, Markus, et Valérian s’étaient collés les uns contre les autres pour se tenir chaud. Ils n’avaient pas fait de feu pendant la nuit, pour ne pas être repérés par les reptiliens. Ils approchaient de la zone dangereuse, et la longue expérience des éclaireurs montrait que les extraterrestres étaient très sensibles à la chaleur et pouvaient la détecter sur une longue distance. Ils n’avaient pas réellement dormi pendant que tour à tour l’un d’entre eux prenait son tour de garde. Ils s’étaient relayés ainsi toute la nuit. Dans le ciel obscur, le guetteur pouvait observer les traces lumineuses des vaisseaux reptiliens tandis que les sifflements suraigus venaient briser le murmure de la forê
Les bras ballants, Lamia ouvrit les yeux. Devant elle, l’assemblée de ses camarades la dévisageait, légèrement inquiets, d’autres le sourire aux lèvres, d’autres encore, ceux du premier rang, semblaient prêts à la secourir au cas où elle tomberait.Elle tourna la tête sur sa gauche et vit un homme qui la regardait, l’air de comprendre tout ce qui se passait. Il était vêtu d’un complet anglais; dans une poche, une montre à gousset dépassait avec sa chaîne en or. Lamia ne savait plus où elle en était mais ses sens étaient sensibles à un tel point qu’il lui semblait entendre le tic-tac de la montre.«Lamia, te souviens-tu de ce qui s’est passé?»Elle f
«À l’époque où l’on vous envoie, les gens sont très élégants mais surtout très corsetés!» maugréa l’habilleuse en tirant sur les lacets du corset de Lamia. Sous la poussée, Lamia expira d’un coup et aurait bien mis une gifle à l’impudente si elle n’avait pas su que malheureusement c’était la mode à l’époque. Ses seins étaient compressés et ses côtes comprimées par cet infâme carcan… «Infâme»… Oui contraire aux femmes.Ah les hommes avaient la part belle, se dit-elle en reluquant les jolis costumes des hommes, leurs hauts de forme, les montres à gousset. Stéphane avait fière allure, d’autant que sa chevelure rousse faisait un joli contraste avec l
«Les lâches ont peur avant le combat, les hommes normaux pendant, les guerriers après.»En vertu de cette maxime, une fois rentrés à la maison, Lamia, Stéphane et Cynthia eurent un frisson rétrospectif en pensant à ce qui aurait pu leur arriver. Se faire trépaner et sucer la tête était une mort pour le moins affreuse.Cette nuit-là fut agitée: ils firent l’amour comme jamais et s’épuisèrent jusqu’au petit matin.Pourtant, Stéphane ne devrait pas baisser pavillon ce jour-là car il avait un nouveau cours de séduction de Madame Tabelsi qui devait enseigner aux hommes comment séduire un homosexuel.Au petit-déjeuner, Lamia l’observ
Valérian, Markus et Nexa étaient descendus dans le village pour constater l’étendue des dégâts et voir s’il n’y aurait pas quelque chose d’intéressant à récupérer.Les cahutes brisées comme des fétus de paille, les membres fumants d’hommes et de femmes disséminés. Une horrible odeur de chair cuite avait envahi l’atmosphère.Valérian prenait sur lui et ne disait mot, il essayait de se détacher émotionnellement et de graver les détails dans sa mémoire. En quelques secondes les reptiliens avaient anéanti toute vie sans la moindre compassion. Encore une fois Valérian se dit que pour les reptiliens, les humains n’étaient guère plus que des rats. Et encore les humains n’étaient m&e
Depuis quelques jours, ils s’étaient téléportés en 1893 à New York, non loin de l’immeuble de Tesla. Le trio s’était installé dans un appartement. Par la fenêtre, Lamia regardait les lampadaires projeter leur lumière blafarde et électrique. Il y avait seulement quelques années que l’électricité avait remplacé les becs de gaz par du courant alternatif, depuis que Nikola Tesla avait gagné sa lutte contre Edison. Tesla avait littéralement apporté la lumière à l’humanité et d’une manière beaucoup plus sûre que le courant continu d’Edison connu pour susciter de nombreux incendies et morts qui défrayaient régulièrement la chronique. En regardant la rangée de lampadaires avec leurs ampoules électriques, elle repensait à son petit
Espace, temps, frontières de l’infini… Entre les cinq colonnes antiques, l’énorme boule blanche à l’aspect filandreux flotte en lévitation et scintille. Un éclair déchire l’espace et avertit les gardiens du Temps qu’un message important doit être délivré.Les silhouettes humanoïdes au long cou annelé, à la tête plate de raie et à la mâchoire de monstre montent la pente menant au sanctuaire. Ils encerclent la boule dont la paroi frissonne de soubresauts inexplicables. Cette sphère n’est pas inanimée mais emplie d’une vie qui n’a ni commencement ni fin. La fin des temps n’a pas de sens pour elle, car elle est au centre du temps, elle surveille le cours de l’histoire. Elle est reliée en permanence à la trame du monde, à la mo
Cynthia dégaina son cran d’arrêt. Accroupie devant le soupirail du laboratoire de Tesla, elle enfonçait millimètres par millimètres la lame sous le chambranle de la vitre. Elle ne forçait à aucun moment. Stéphane à quelques mètres faisait le guet. La petite rue était à peine éclairée ce qui convenait parfaitement aux projets de notre trio. Lamia se tenait un peu en retrait, excitée par l’aventure.Au même «moment» commençait une invasion de nombreux voyageurs du temps, venant tous d’Armor, parachutés dans différents univers spatio-temporels. Le but de cette manœuvre imaginée par Lamia était de brouiller les pistes des gardiens du Temps et d’éviter ainsi qu’ils ne focalisent trop vite leur attention sur les dessei
Petit matin obscur dans une grotte humide et froide. À l’extérieur, Valérian entendait le clapotis de la pluie. Contre lui, la chaleur de Nexa, ses fesses et ses hanches tandis que la jeune femme avait entouré de ses bras Markus.Les élancements de douleur depuis sa cheville se faisaient encore sentir. Il s’assit puis se mit debout précautionneusement. Il grimaça: la douleur bien réelle était supportable.Nexa, réveillée par ce subit manque de contact et de chaleur, ouvrit les yeux et l’observa:«Ça va aller?—On va dire que oui, lui répondit Valérian.—Si tu veux, on peut se reposer un jour, pour que tu aies le temp